44 ans de service: Abdesslam Tahiri est le plus ancien chauffeur de la STIB

44 ans de service: Abdesslam Tahiri est le plus ancien chauffeur de la STIB

Dans le cadre des 50 ans de l’immigration marocaine en Belgique, rencontre avec Abdesslam Tahiri. Son parcours est intéressant à plus d’un titre. Il est âgé de 64 ans et après 44 années passées à la STIB il conduit toujours des bus depuis le dépôt Delta. Abdesslam Tahiri est arrivé en Belgique en 1968, avec sa mère.
Il est venu rejoindre son père arrivé en Belgique 4 ans plus tôt pour travailler dans le bâtiment. Le 14 novembre 1968, il posait le pied sur le quai de la Gare du Midi et il se souvient très bien de ce premier jour en Belgique : "Quand je suis arrivé ici c’était pas du tout la même chose que le Maroc ! Quand on est arrivé à la Gare du Midi, il y avait plein de neige ! Je me rappelle encore du boulevard de la Porte de Halle, il y avait des trams vicinaux. C’était vraiment une surprise pour moi de voir des trams car je n’en avais jamais vu avant!".
Premier contact avec Bruxelles et déjà un premier contact avec la STIB… Pourtant Abdesslam Tahiri ne va pas travailler tout de suite pour la société de transports en commun. Il va d’abord trouver un petit job à l’Hôtel Hilton. Puis un jour, un ami vient lui dire qu’il faut trouver un travail plus stable. Deux possibilités s’offraient à eux selon cet ami "soit l’usine Citroën Chaussée de Forest, soit la STIB. Mais moi je n’avais pas du tout envie d’un travail à la chaîne, explique Abdesslam Tahiri, j’ai donc choisi la STIB. Et aujourd’hui, 44 ans plus tard, j’y suis toujours !"
La STIB comme facteur d'intégration
A cette époque, à la fin des années 60 début 70, la STIB engageait beaucoup de travailleurs immigrés. Abdesslam Tahiri se souvient d’ailleurs d’un ami à lui qui était chargé de distribuer des cartes de visite de la STIB sur le quai de la Gare du Midi à toutes les personnes qui semblaient étrangères. Il leur disait que s’ils voulaient du travail c’est à la STIB qu’il fallait postuler. Et c’est vrai qu’à l’époque de nombreux travailleurs immigrés ont été engagés à la STIB. Il estime d’ailleurs que la STIB est un bon exemple d’intégration et de mixité réussies, même si ça a pris du temps.
" Au début, les gens ne se connaissaient pas bien, explique AbdesslamTahiri, c’est comme quand vous habitez dans un building et qu’un nouveau voisin arrive, au début on hésite parfois à lui parler car on ne le connait pas vraiment. Ici à la STIB c’était un peu la même chose. Mains maintenant que les gens se connaissent bien, il n’y a aucun problème de ce côté-là, il y a beaucoup d’entraide entre les travailleurs. "
A la STIB, Abdesslam Tahiri a accompli différentes tâches. Il a d’abord été receveur à l’intérieur des véhicules à l’époque où il y en avait encore. Il a ensuite été chauffeur de tram et de bus car avant, les chauffeurs pouvaient passer de l’un à l’autre. Par contre, quand le Métro est apparu en 1976, il n’a jamais eu envie de le conduire : "avec le métro on travaille la plupart du temps en sous-sol, dans le noir. L’air n’y est pas très sain. Moi je préfère voir la lumière du soleil", explique-t-il. Depuis le milieu des années 70, il conduit exclusivement les bus et c’est ce qu’il aime : " Mon but c’est de conduire les clients à bonne destination dans les bonnes conditions. Je n’ai jamais été agressé. Quand il y a un problème dans mon bus, avec la diplomatie, on arrive rapidement à le résoudre ! C’est ma politique et c’est pour ça que je n’ai jamais eu de problèmes."
"Ma vie se terminera ici"
Abdesslam Tahiri voue une véritable passion pour son métier et pour la STIB… pourtant toutes les bonnes choses ont une fin, il arrive petit à petit à la fin de sa carrière. "Malheureusement pour moi, j’ai bien dit malheureusement ! Cette année ce sera la dernière année pour moi ici… Le 31 décembre j’aurai atteint les 45 ans de carrières et la loi m’interdit d’en faire plus , explique-t-il avec une émotion qu’il cache difficilement. Si j’avais le choix, j’aimerais faire encore un an ou deux de plus… Du moins si la santé me le permettait !".
La loi, celui qui détient aujourd’hui le record de longévité à la STIB devra prendre sa retraite. Mais sa retraite, il ne compte pas la passer au Maroc. Il veut rester ici, chez lui en Belgique. "Retourner au Maroc pendant un mois pour les vacances oui, mais je ne veux pas retourner vivre là-bas. Je ne veux pas aller vivre au Maroc pour être isolé ! J’ai mes enfants ici, j’ai ma maison ici, je suis belge. Ici je ne me sens pas du tout étranger ! Et ma vie se terminera ici, ça je vous le dis ouvertement, ma vie se terminera ici …".
Geoffroy Fabré
rtbf.be

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