Mohammed dénonce avoir été frappé plusieurs minutes par trois policiers
BRUXELLES Étudiant et sportif, Mohammed est un Marocain de 20 ans, arrivé il y a près de six mois en Belgique avec une carte de séjour afin d’intégrer un club de football d’Uccle.
La nuit de lundi à mardi, Mohammed sort de chez lui à minuit et demi afin de ramener à manger. Arrivé rue Auguste Orts à 300 m de chez lui, devant l’hôtel Brussels Mariott, à deux pas de la Bourse, il entend derrière lui “Arrêtez ! Arrêtez ! ” “Je me suis retourné mais je n’ai vu personne, alors je suis parti ”, décrit le jeune homme.
Quelques secondes plus tard, “j’étais projeté à terre et frappé par trois policiers dont une femme. Lorsque j’ai dit que je n’avais rien fait, ils m’ont traité de sale Arabe et ont continué à me frapper plusieurs minutes, alors que j’avais des menottes ”.
Mohammed dénonce avoir reçu des coups de pied et de poing sur tout le corps, et plus particulièrement au niveau de la tête et du genou. “Ils m’ont ensuite transporté au commissariat sans me dire pourquoi .”
Sur place, il est fouillé (sans résultat) et la police lui prend son portefeuille. “Jusque-là, ils n’avaient pas demandé ma carte d’identité ”, rapporte-t-il. Avant, dit-il, de recevoir d’autres coups sans jamais être auditionné.
Il est finalement transporté par une autre patrouille à l’hôpital vers 2 h 30. Aux urgences du CHU Saint-Pierre, le médecin constate une plaie de 4 cm au crâne, une flexion très douloureuse du genou gonflé et une marche avec boiterie : “des lésions compatibles avec les déclarations du patient ”. Vendredi prochain, “j’ai rendez-vous en chirurgie pour recoudre la plaie du crâne ”.
La police locale de Bruxelles-Capitale/Ixelles confirme que Mohammed a bien été interpellé. “Les services de police ont été appelés pour une bagarre ”, explique Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police. “Lorsque les policiers sont arrivés sur le lieu, deux personnes ont pris la fuite ”, dont Mohammed.
Concernant le traitement de choc décrit par le jeune homme, la police évoque une “arrestation qui ne s’est pas bien déroulée. Il est tombé à terre car il était récalcitrant à se laisser contrôler par les agents ”.
Quant à son transport à l’hôpital, il s’agit d’une procédure standard. “S’il y a un souci, il peut envoyer une lettre au commissariat et nous vérifierons ses dires ”, propose la porte-parole. Mohammed, qui a choisi de “ne pas laisser tomber ”, a porté plainte auprès du comité P.
Raphaël Cayrol
© La Dernière Heure 2013
