Des individus ont mis le feu à la maison de K., dans la commune de Berchem-Sainte-Agathe, en pleine nuit alors que lui et sa famille s'y trouvaient. Réveillé, K. a pu éteindre les flammes. Les individus ont été filmés par la caméra de surveillance installée par K. L'incendie criminel pourrait être une représaille et fait l'objet d'une enquête judiciaire.
Depuis le 26 mars dernier, K., un habitant de Berchem-Sainte-Agathe dort mal, très mal, voire pas du tout. "Je ne sais plus dormir. Je cauchemarde, je suis dans une pièce pleine de flammes, j’essaie d’aller vers la mère de ma fille et je me réveille. C’est comme ça toutes les 15 minutes", nous dit-il par téléphone. Il n'est pas le seul à être insomniaque."Ma compagne enceinte et ma fille, elles, sont en état de choc. Elles n’osent plus dormir à la maison", confie-t-il. Mais que s'est-il passé ? Dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 mars, vers 2h du matin, une demi-heure après que K. est rentré du travail, plusieurs individus ont mis le feu à la façade de sa maison alors que lui et sa famille s'y trouvaient.
Il éteint l'incendie avec du sable
"A un moment, j'ai entendu un boum", décrit K. dans sa plainte déposée au commissariat de la police locale de Bruxelles-Ouest. Alerté, l'homme, heureusement encore éveillé, sort de son salon et voit au bout de l'obscure cage d'escalier une lumière vive. Sa porte d'entrée est en feu. Il se précipite vers la fenêtre du rez-de-chaussée et, terrifié, découvre un "mur de flammes" devant chez lui. Il réagit très vite, sort par la fenêtre et se rue dans un coin de sa cour, là où sont entreposés des sacs de sable datant de récents travaux de rénovation. Il s'en empare et déverse, en plusieurs allers-retours, le contenu sur l'incendie qui s'éteint rapidement. Voici donc ce que K. rapporte dans sa plainte.
Suspects filmés par sa caméra de surveillance
L'incendie est confirmé par l'image. K. avait installé une caméra de surveillance dans le fond de son allée. Il a fait parvenir l'enregistrement à la police ainsi qu'à notre rédaction. Sur les images (vous pouvez en voir quelques-unes associées aux moments-clés au bas d'article), on observe nettement le déclenchement de l'incendie ainsi que la course de K. pour en venir à bout.
Mais on observe surtout autre chose, juste avant le début de l'incendie. A 2h01, une silhouette apparait à l'entrée de l'allée. Quelques secondes plus tard, les flammes jaillissent et la silhouette s'enfuit à toutes jambes. Une dizaine de minutes plus tôt, ce sont trois silhouettes suspectes qui étaient passées devant l'allée.
L'incendie est criminel et les auteurs ont donc été filmés. Joint par téléphone, le parquet de Bruxelles a confirmé qu'une enquête judiciaire avait été lancée et que les images étaient en cours d'analyse. A l'heure actuelle, aucun suspect n'avait encore été identifié sur base des images, nous a déclaré une porte-parole de parquet. Pour sa part, le porte-parole de la police de la zone de police Bruxelles-Ouest nous a rapporté que plusieurs suspects et témoins avaient été entendus mais qu'il n'y avait, à l'heure actuelle, pas d'éléments suffisants pour mettre un ou plusieurs suspects à disposition du parquet. L'enquête se poursuit donc.
Représailles après une bagarre ?
Mais pour K., l'identité des pyromanes ne fait aucun doute. Leur intention non plus. Il s'agirait d'une action de représailles menée par quatre jeunes avec qui il a eu une violente altercation quelques jours auparavant devant son domicile. Une bagarre a éclaté après que, selon les dires de K., les jeunes venaient d'agresser deux personnes dont sa compagne qui rentrait du travail. "Ils ont directement voulu me lyncher à coups de bouteilles de Carlsberg. J’ai travaillé dans la sécurité. J’ai su me défendre", relate K.. Mis en déroute, les jeunes auraient menacé l'homme de représailles, le tout accompagné d'un florilège d'insultes racistes. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 26 au 27 mars, on aspergeait d'essence la façade de la maison de K. et on y mettait le feu. La police nous a confirmé qu'une bagarre avait bien éclaté dans le quartier et que le feu bouté en guise de représailles constituait une piste à considérer.
Groupe de jeunes qui perturbe le calme du quartier
Mais qui sont ces jeunes ? De nombreux riverains se plaignent du grabuge causé par un groupe de jeunes dans le quartier. La police locale ne dément pas, reconnaissant que ces derniers temps il y avait fréquemment un rassemblement de jeunes qui perturbaient le calme du quartier. Ceux-ci commettraient des incivilités et certains seraient liés à de petits trafics de stupéfiants. La police ne reste pas immobile. Elle a encore arrêté plusieurs personnes, aussi bien consommateurs que dealeurs, il y a deux semaines.
Mais pour K., ces jeunes sont surtout ceux qui ont mis le feu à sa maison: "Imaginez si j’avais été endormi. Après 2 minutes on était tous morts. Ce sont des assassins", estime K. qui dit vivre dans la crainte de nouvelles représailles.
Un autre incendie criminel
Enfin, nous ne serions pas complets sans mentionner un autre incendie criminel survenu cinq jours à peine avant celui de la nuit du 26-27 mars. Celui-ci fait aussi l'objet d'une enquête judiciaire. Le feu s'est déclaré dans une maison du même quartier, peut-être pour masquer un vol. La maison devenue inhabitable, la famille (un couple et quatre enfants) a pu bénéficier de cinq nuits d'hôtel avant de trouver refuge chez des proches. Pour certains riverains, il s'agirait d'un des jeunes déjà pointés du doigt pour l'autre incendie. Pour sa part, la police ne lie pas actuellement ces deux incendies.